Architecture locale (suite)

Pour assurer la stabilité des murs de pierres brutes, et en l'absence de contreforts, ceux ci sont construits avec un fruit de 10 cm par mètre en moyenne. La stabilité est suffisante pour supporter les efforts horizontaux d'une toiture à charpente à faible pente (inférieure à 25%). Par contre, lorsqu'on aborde une toiture de pierre, en voûte ou en cul de four, très lourde, les contreforts, coûteux en matériaux et en main d'oeuvre, deviennent nécessaires, la stabilité initiale étant insuffisante. Par ailleurs, la pierre calcaire locale, même dans ses strates les plus dures, reste poreuse, obligeant à des pentes importantes, ce qui augmente l'effort en tête de mur. Cela explique la rareté de ce type de couverture localement. Mais on la trouve néanmoins dans la construction de l'église St Martin de Lagarde en Calvère.
La tuile canal ou tige de botte (selon la tradition romaine, elle était formée sur la cuisse des ouvriers, d'où cette forme évasée) est produite localement. Un lieu dit porte encore le nom de "Lateullièro" et la carte Cassini indique une tuilerie proche du Haut Castels. À noter, néanmoins, que le terme occitan "Teularià" désigne aussi une briqueterie.
Les trois nécessités de fabrication : de l'argile, de l'espace pour le séchage et du bois pour la cuisson, sont présents sur place ou à proximité
La tuile est un élément coûteux de la construction. C'est une fabrication assez technique et la cuisson (800°C pendant au moins 2 jours dans un four cylindrique de grandes dimensions) est très onéreuse.
Ses dimensions sont assez constantes : longueur 50 cm , largeur 17 cm au plus étroit et 23 cm au plus large

Le sol, autrefois en terre battue, a été réhabilité soit en dalle calcaire grossièrement bouchardée, soit en brique cuite (voir plus bas) donnant des dalles grossières qui vont s'user irrégulièrement (le sol de ma maison est, aux endroits de passage, creusé de plus de 2 cm et, au seuil de la cuisine, qui était l'entrée principale, il ne reste qu'un peu moins d'un centimètre d'épaisseur). Le jointoiement est réalisé en argile crue, éventuellement en chaux argileuse.
Rarement, on trouve des constructions en bois, ou bordes, dont on retrouve trace dans le nom de certains lieux dits

Au fil des siècles, la destruction ou la ruine des châteaux et maisons nobles va fournir des matériaux mieux équarris qui vont être réemployés pour la construction des maisons plus modestes. Ce réemploi va amener des acrobaties architecturales parfois étonnantes, avec, entre autres, des modifications d'arcures ou l'emploi de pierres de porches pour la réalisation de cheminée. Par ailleurs, certains linteaux sont inutilement massifs, avec la seule justification de ne pas retravailler des éléments existants.
Au XIXème siècle, la construction va évoluer avec des jointoiements systématiquement effectués en mortier de chaux à base d'un sable tout venant. De plus, la matière première va être mieux travaillée en surface, les pierres étant bouchardée, mais sans atteindre la perfection d'une pierre taillée (le calcaire du lieu ne s'y prête pas).
De même que les tuiles, la chaux est produite sur place, dans un four à chaux toujours existant, situé à proximité du Bourg, au lieu dit Timbres, près de Lapeyriero. Il était encore en fonction dans les années 1950.

Tour de Lagarde

tour lagarde

toiture en cul de four

cul de four

toiture en tuiles canal

tuile canal

 

ancien four à chaux

four à chaux

 

 

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Mis à jour le 20.03.2018