Motte castrale et Rocque emmottée

Construction d'une motte castrale

La construction d'un donjon de bois perché sur une motte est très rapide, facile, demandant un minimum de matériaux. Des reconstitutions montrent qu'un château, sur motte fossoyée de 30 m de diamètre et 15 m de haut, peut être édifié, selon la nature du sol, en quinze jours à un mois suivant la nature du terrain, par une centaine d'hommes non spécialisés et disposant d'un outillage rudimentaire. Par ailleurs, on considère qu'une équipe de 10 hommes pouvait débiter et poser 15 m de palissade en bois par jour. Cette palissade, directement reprise de l'exemple des camps romains, est constituée de troncs fendus en 4, épointés aux deux bouts, et enfoncés dans le sol meuble à coups de masse. Cette construction est évolutive et peut être très luxueuse et confortable. Au fil du temps, les modes changent. Alors que les nobles habitent, jusqu'au milieu du Xème siècle, dans un "palais" ou "villa" (qui n'est, en fait, qu'une habitation un peu plus grande que celle des paysans et peu défendue) dans la basse-cour, ils commencent, au fil des décennies, à habiter le donjon ou château qui s'agrandit et devient plus confortable voire luxueux, même s'il reste encore une construction de bois.

Reconstitution virtuelle du château sur motte de Hen au pays de Galles

Les mottes et les rocques

Peu à peu, les mottes castrales vont s'étendre sur tout l'empire Carolingien finissant, et particulièrement dans le sud-ouest. La situation, dans cette région, est plus variée que dans le Nord et l'Est. La tradition châtelaine est plus coutumière de la "roque" ou "rocque". Ce terme, venant du latin rocca désigne, depuis la domination romaine, un rocher fortifié qui protégeait une position stratégique ou un lieu de passage : route, gué, pont, camp de soldats, ensemble d'habitations. À l'époque carolingienne, le terme roque (en langue d'oc) ou roche (en langue d'oïl) désigne un château bâti sur une butte rocailleuse ou un rocher. L'appellation se complète parfois du mot fort qui désignait un ouvrage artificiellement surélevé (comme la motte castrale) et bien défendu. Avec le temps, ce mot a désigné un ouvrage en maçonnerie. Il en découle les termes Roquefort dans le sud, Rochefort plus au nord, désignant une fortification en dur perchée sur une élévation rocailleuse ou un rocher.

Ruines de la rocque des Cardaillac à Saint Cirq Lapopie

Avec le désir de confort, augmentant les dimensions des habitations et des châteaux, l'enrichissement des Seigneurs, leur désir de montrer leur puissance, ces roques deviennent souvent trop petites. On les complète alors avec une motte élevée soit en rocailles, soit en terre, suivant la disponibilité des matériaux pour en accroitre la surface tout en maintenant une défense efficace.

Figuration d'une rocque emmottée