Basile Gras et son travail sur l'armement

Général Basile Gras

La paix revenue, il fut affecté au Comité de l'Artillerie comme adjoint au Secrétaire. Il y resta jusqu'en 1879, avec le grade de chef d'escadron, ou commandant, à partir de 1874. À cette époque, où l'Artillerie avait la responsabilité des fabrications d'armement, le Comité avait une importance essentielle sur le choix des armes, les essais techniques et leur adoption. Il convient de rappeler que le Comité d'Artillerie avait été créé par la Convention pour remplacer la Grande Maîtrise de l'Artillerie, charge qui venait d’être supprimée.

Depuis longtemps, le commandant Gras s'intéressait à la question délicate de la transformation du Chassepot, excellente arme mais sujette à un rapide encrassage de son canon à cause de ses cartouches à enveloppe en papier, en une arme permettant l'emploi d'une cartouche métallique pour assurer robustesse et endurance. Grâce à un labeur acharné, la solution était trouvée et après de sévères expérimentations, le fusil mis au point fut adopté comme présentant les meilleures performances. Le fusil modèle 1874 était né et sa fabrication en grande série devait être entreprise dans les manufactures. L’innovation de ce fusil est l’introduction d’une culasse se déverrouillant sans avoir à armer le chien, d’un robuste percuteur et, enfin, d’une cartouche à étui métallique. Son inventeur, en récompense de ses services, était promu officier de la Légion d'Honneur et était autorisé à donner son nom à la découverte qu'il venait de faire.

Promu lieutenant-colonel en 1879 puis, après un séjour dans les 7ème puis 25ème régiments d'artillerie, colonel en 1882 il fut nommé inspecteur des manufactures d'armes et membre de la commission des armes à répétition. Il prit part à tous les travaux de cette commission, faisait exécuter sous sa direction les divers modèles à mettre en essai, comme le fusil à répétition mis en service au Tonkin. Il prit une part importante dans la conception et la réalisation du fusil modèle 1886, dit Lebel, œuvre collective de la commission, notamment en introduisant le mécanisme de répétition ainsi qu’en  concevant l’architecture détaillée et l’usinage du fusil *.

Comme inspecteur des manufactures d'armes, il donna une impulsion considérable aux manufactures pour permettre la dotation rapide aux unités de l'Armée française du nouveau fusil modèle 1886. Envoyé en mission aux Etats-Unis, il choisit des types de machines, les acheta avec leur outillage et organisa une fabrication mécanique, permettant d'élever la fabrication de 500 à 3.000 armes par jour. A la suite de cette réorganisation, qui permettait notamment de réaliser des pièces d’une grande précision assurant leur interchangeabilité, le prix de revient du fusil s'abaissa progressivement au point de réaliser sur les prévisions des économies très appréciables.

Promu Commandeur de la Légion d'Honneur en 1887, il reçut le 5 mai 1888 les étoiles de Général de brigade. En Novembre 1891, il prit le Commandement de l'artillerie du 6ème Corps d'Armée à Chalons. Puis, en 1894, nommé Général de division, il assura le Commandement Supérieur de la Défense à Lyon.

Ces temps de Commandement nécessaires dans le cadre d'une carrière militaire ne l'empêchaient pas de continuer à s’intéresser avec assiduité et compétence à toutes les questions des fabrications d'armement.

En 1897, il fut désigné pour occuper le poste spécialement créé d'Inspecteur Général des fabrications d'Artillerie. L'année suivante, le Ministre de la Guerre  l'appelait comme Secrétaire Général du Ministère de la Guerre. Deux postes qui lui permettaient d'agir avec efficacité dans le domaine des fabrications d'artillerie, notamment celui du canon de 75 à tir rapide, dont l'adoption venait d'être décidée,  et que l'on allait pouvoir fabriquer en grande série.

Le 1er août 1899, le Général Gras était nommé Président du Comité technique de l'Artillerie et du Comité Consultatif des Poudres et Salpêtres. Il était élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur.

Suite : la fin du Général Basile Gras

 

* Le lieutenant-colonel Lebel, devenu par la suite colonel, a toujours insisté de son vivant sur le fait qu’il s’agissait d’une création collective qui devait surtout au colonel Gras.